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Un
numéro double avec des articles de X. Lacroix,
André Roussel, Madeleine Nantanson, Nicole
Fabre,...
Sommaire
Courrier des lecteurs
Editorial Michel Rouche
Qui m'a
donné la vie ?
Père ou mères
fantasmés
Etre soi
ou fils de ?
Génétique et
filiation
Honore
ton père et ta mère...
Michel Rouche
L'Ïil et la plume
Alliance infos Monique Rouche
Editorial
Fils de
personne ! Telle est l'affirmation
prométhéenne qui se profile à l'horizon
du XXIème siècle. D'aucuns diront qu'il s'agit
d'une vision utopique de l'avenir et qu'il vaudrait
peut-être mieux s'interroger sur les "secrets de
famille" dus aux poids écrasant des parents
plutôt qu'à leur absence. Mais, à force
de soupirer avec Jules Renard : "Tout le monde ne peut pas
naître orphelin", cette possibilité,
aidée par les progrès de la biologie et un
individualisme souverain, est en train de devenir une
réalité.
Autrefois, un autrefois qui n'est pas encore
totalement éteint, dire "tel père, tel fils"
était un compliment. Il y avait, et il y a encore,
l'imitation ou le rejet du père ou de la mère
qui forgeait l'identité. L'enfant a besoin de
s'inscrire dans les générations.
L'acquiescement à sa propre filiation permet de
construire la famille et le couple. Il peut être
perturbé par des heurts, des prises de pouvoir sur
l'enfant, ou l'idéalisation paralysante d'un parent.
Aujourd'hui s'est ajoutée, à
la difficulté de se dire fils ou fille deÉ,
l'impossibilité. Il ne peut pas y avoir de filiation
dans les relations homosexuelles, car c'est un mensonge
relationnel. L'enfant né d'un don de sperme ou
d'ovocyte ne peut pas connaître son père. Quant
à ceux dont les parents sont divorcés, il
arrive parfois que le père étant absent
physiquement ou psychologiquement, le fils devienne le
"mari" de la mère. A chaque fois, il n'y a plus de
parole pour dire ou reconnaître le père ou la
mère. De là viennent chez certains enfant
adoptés, ou "nés sous X", une recherche
éperdue des parents. Ajoutons enfin que la loi valide
des mensonges biologiques.
Les
orphelins biologiques et juridiques manquent donc d'une
parole de reconnaissance. La vie est don. Refuser ce don
venu d'autrui mène au refus de la filiation. Ne
sachant d'où ils viennent, ils ne peuvent savoir qui
ils sont. Les solutions sont donc, à l'exemple des
liens entre Dieu le Père et son Fils
Jésus-Christ, dans l' acceptation de ses propres
blessures et la recherche de relations renforçant la
personne . Vivre en communion a toujours lieu dans la
distinction. D'ailleurs "Honore ton père et ta
mère" implique distance et séparation, donc
reconnaissance et liberté à la fois. Car le
commandement se termine par "pour que tes jours soient plus
longs". C'est donc une libération que d'être
fils pour la vie, cette vie qui nous fait dire merci : "Abba
Père".
Michel Rouche
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